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Et toi Gunda, tu t’marres toujours pour rien ?

Tuesday, May 7th, 2013

Le 7 mai 2003, j’ai entendu un reportage sur les weblogs à la radio suisse romande. Je me suis dit “ça a l’air nul, si j’en ouvrais un ?” Je ne dis pas ça parce qu’on est le 7 mai 2013 ou quoi, mais c’était il y a pile dix ans.

Alors je sais bien que c’est un peu ridicule de souhaiter les anniversaires de son blog, mais le ridicule ne tue pas, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, qui c’est les plus forts ? évidemment, c’est les verts ! et le vert est la couleur de l’espoir. Donc bon.

Il y a dix ans, quand j’avais une idée, je me jetais sur le premier clavier venu et j’écrivais ce qui me passait par la tête, et après Fofo ou Jilian trouvaient une faute d’orthographe. Maintenant, c’est exactement la même chose, sauf que j’ai moins d’idées.

Et donc, parfois, je commence des textes et soudain, le travail m’appelle de son long cri stridulent. Et je laisse les textes en plan. Et quand je reviens, vingt-douze heures ou trois minutes plus tard, je me dis : ah ouais tiens, où c’est que je voulais en venir ?, mon Jean-Marie Bigard me répond “dans ton cul” et ensuite je me rappelle que je n’ai pas que ça à faire, j’ai un Fréjus-Luzenac de prime importance qui m’attend dans Fifa Manager.

Non, attends, je l’ai super mal vendu, mon truc, là, non ?

Bref, pour les dix ans de le blog, j’ai décidé de lancer un GRAND CONCOURS. (C’était ça ou poser à poil et j’aime mieux te dire que dans ce domaine-là non plus, les choses n’ont pas évolué dans le bon sens au cours de la dernière décennie, ma bonne dame)

Mais voilà. Il y a dix ans, on pouvait lancer des concours sur les blogs sans donner de cadeaux à la fin. Le bon vieux temps. Mais les blogueuses mode sont passées par là. Comme je n’ai pas d’échantillon de pommade à te passer, j’ai pensé que je pouvais te parler un peu plus du projet secret.

Donc voilà, je te pose là deux débuts de textes que je ne sais pas comment finir, tu en choisis un, tu m’écris la fin, tu l’envoies par e-mail, flipflap@ici (ici ça veut donc dire bonpourtonpoil.ch, hein ?)(tu avais compris ?) et même que tu peux changer un peu le début et peut-être tu gagnes le bouquin que je suis en train de terminer des esclaves chinois sous-payés sont en train de terminer pour moi au fond d’une grotte du Bengladesh et qui recensera quelques-uns des textes ici paru au fur des dix dernières années (date de parution plus ou moins indéterminée).

Ca marche pour toi ?

Ok, alors :

#old
Comment savoir si on est vieux ?, se demande-t-on souvent. Une question qu’il est légitime de se poser, car se tromper de génération peut avoir des conséquences fatales, comme se retrouver au premier rang d’un concert de Justin Bieber alors que franchement il est trop ringard les one direction c’est bien mieux, ou à un concert du choeur mixte un samedi soir.
De façon purement mathématique, on sait que si n est l’âge du capitaine, alors n+n/2 est l’âge à partir duquel on est vieux. Mais il existe d’autres astuces.

Whistleblowing with the wind
Faut-il dire “Je l’avais bien dit?” ?, se demande-t-on souvent. En effet, l’important, dans la vie, n’est pas d’avoir raison, mais d’avoir raison au bon moment, disait souvent Galilée en repensant à Ugrur, le tristement méconnu inventeur du feu et de l’imolation non désirée. Mais parfois, quand on peut prouver scientifiquement qu’il y a six mois, on annonçait déjà que tout ça ne sentait pas très bon (que l’on parle de la dette, de la Syrie ou du poisson dans le frigo), on aime à le rappeler. Or, cela n’est pas sans dangers.

bigbrother@hotmail.com

Sunday, February 10th, 2013

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– Oui allo ?
– Oui bonjour, ici le FBI !
– Le… Jean-Olaf, c’est toi, pour la caméra cachée ?
– Non, bonjour, c’est le FBI, nous aimerions vous rappeler que votre jeune épouse vous a demandé d’acheter du pain, n’oubliez pas, merci.

***

– Allo oui ?
– Oui bonjour, ici le FBI !
– Fabien ? Quoi de neuf ?
– Non. le FBI. Ne faites pas les mariolles avec nous. La prochaine fois que vous envoyez une animation avec des petites morales à la con, on vous napalme votre maison, je te jure on le fait, on n’en peut plus des pps.
– Mais…
– Et c’est pareil pour les blagues ! Même les racistes, on n’en peut plus.
– Je…
– Et pour le petit chien qui cherche un maître d’urgence, pareil, en plus il est mort depuis douze ans.

***

– Faculté de linguistique de l’Université de Limoges j’écoute.
– Oui bonjour, on aurait besoin de votre aide pour traduire un mail, s’il vous plait.
– Oui mais qui est à l’appareil ?
– Je ne peux pas le dire.
– C’est encore le FBI ?
– Oui.
– Je croyais que vous étiez porté disparu.
– Non. Bon. Pourriez-vous me dire, je vous prie, si “jtm tròòòòòw tròòòòòòw bèèÿÿbèèÿÿ tmtc” est un code secret prouvant que de dangereux terroristes slovaques s’apprêtent à envahir la Beauce ?
– Attendez, vous pouvez épeler tròòòòòw ?
– tròòòòòw
– Non, je crois qu’il s’agit d’une déclaration d’amour.
– Comme dans Ròòòmàààÿÿÿÿhòòòw et Jûûûûûlÿÿÿèèèèt ?
– Oui, voilà, mais sans le balcon.
– Ok, merci, bisous.
– Ça alors, sacré FBI.

***

– Allo ?
– Oui… Bonjour, ici le FBI. Pourriez-vous installer un filtre anti-spam parce que là c’est plus possible, merci.

***

– Oui bonjour !
– Ai-je l’honneur de parler à madame Pernilla Jambon ?
– Oui absolument.
– La maîtresse de M. Boutros-Boutros Boucheron ?
– C’est à dire que… enfin pas tout à fait sa maîtresse, nous sommes ce qu’il est convenu d’appeler dans les milieux autorisés un couple mais je ne…
– Ah non, M. Boucheron est marié à madame Porphyre Boucheron née Poucheron, tiens, c’est amusant…
– C’est toi ? Tu te fais passer pour ces cons du FBi pour m’annoncer que tu me trompes avec ta femme, c’est ça ?
– Non mais pas du tout madame je ne vous permets pas. Mais de toutes façons ce n’est pas pour cela que je vous appelle. Voilà. En date du 7 février, M. Boucheron vous a annoncé, je cite, qu’il voulait vous faire le petit hélicoptère norvégien.
– Oui ben il ne risque plus de me le refaire.
– Tout à fait, tout à fait, mais là encore, il ne s’agit pas de l’objet de mon appel, madame, je vous prie d’être bien attentive, je vous rappelle qu’il s’agit du FBI à l’appareil alors un peu de sérieux, madame.
– Oui…
– Oui alors justement, je voulais savoir de quoi il s’agissait au juste parce que ce soir c’est l’anniversaire de mon épouse, alors je me demandais…

Look at me now

Sunday, February 3rd, 2013

Mesdames et messieurs bienvenue en direct pour ces championnats du monde d’attentionwhorisme qui se déroulent à Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch, une compétition. rappelons-le, suivie en permanence par 40 blogueurs.

Et on me signale dans l’oreillette que le premier candidat refuse de monter sur le podium parce que de toutes façons il est gros et moche et que personne ne l’aime et qu’il sait bien qu’il n’a aucune chance alors à quoi bon à quoi bon ? A QUOI BON ?

Ah, on me signale que le second candidat a un genre de grosseur juste là et qu’il se demande ce que c’est, les médecins prétendent que ce n’est rien, il va probablement mourir, alors vous pensez bien qu’il a autre chose à faire.

Très bien passons donc au champion suisse en titre, vous verrez, c’est un style assez particulier.
– Oui j’aimerais souligner qu’on est venu me chercher pour participer à ces championnats du monde et c’est évidemment quelque chose qu’on ne peut pas refuser, j’en ai parlé avec ma famille et mes amis et ils m’ont conseillé de le faire, probablement pensent-ils que je suis la personne la mieux placée pour cela, qui suis-je pour juger, peut-être en raison de mon incroyable charisme ou de mon sexe énorme, je ne sais pas, difficile à dire, mais j’aimerais me mettre au service de ces gens qui m’ont témoigné énormément de confiance et peut-être un peu d’admiration dont je m’efforcerai d’être digne.

Et la candidate suivante, c’est une première, a été sélectionnée sur les réseaux sociaux.
– Bonjour, j’ai des seins et une vie sexuelle.
C’est sobre, c’est efficace, 37 000 followers sur Twitter à l’heure où je vous parle.
Et en plus je connais des gens connus !
Oui, il faut partir, maintenant !
Mais je sais des choses ! Enfin bon, je peux pas les dire.

Et nous passons maintenant à l’un de nos grands favoris, il est déjà passé dans 17 émissions différentes de télé-réalité, dont une sur Equidia, ça s’appelait “Danse avec les chevaux”, ça a été déprogrammé au bout de deux semaines.
– Probablement pour des raisons politiques, on veut me faire taire.

Et la participante suivante, vous la reconnaissez forcément…
– Je ne suis pas là, je suis chez Keith et Anita !
Ah, bon, tant pis…

Et nous nous retrouvons après la pub, nous verrons à l’oeuvre tous les favoris de ces championnats du monde dont le vainqueur de l’an dernier qui est, faut-il le rappeler, un gros chat.
Ne zappez pas. Sinon je me suicide sérieux je le fais.

Godwin&Millau

Friday, February 1st, 2013

– Bonjour, puis-je prendre votre commande ?
– Vous ne croyez pas qu’il y a plus important, dans la vie, que de choisir un menu ?
– Si mais… parce que c’est un restaurant ici.
– Un restaurant. UN RESTAURANT. Mon pauvre monsieur. Si tout le monde raisonnait comme vous…
– Non mais parce que j’ai des clients qui attendent.
– Il y a des enfants qui meurent de faim dans le monde, il y a la guerre en Syrie, Federer refuse de jouer la coupe Davis, les abeilles disparaissent et le nouveau single des Strokes est franchement navrant et lui, il me parle de restaurant…
– Je reviens dans un moment ?
– Oh oui, c’est ça, fuyez ! Fuyez ! C’est facile. Mais vous ne pourrez pas toujours fuir.
– C’est à dire que je finis mon service dans une heure et après…
– Vous croyez que Marin Luther King a dit “c’est un restaurant ?”
– Je ne pense pas. Il était pasteur. Ca aurait été idiot.
– Ah oui, alors quand c’est les autres, c’est idiot, mais quand c’est vous ça passe. Trop facile, ça, trop facile. Elle est belle, la France !
– Vous devriez goûter le stroganoff. Il est particulièrement gouleyant.
– Je suis végétarien, monsieur.
– Ah. Le menu végétarien, alors ?
– Tout de suite. Parce que je suis végétarien, je devrais prendre le menu végétarien. C’est à cause de gens comme vous, monsieur, que le monde va mal.
– Bon. Je vous appelle le patron.
– Evidemment. Toujours ployer le genou devant l’autorité. C’est tellement facile.
– Vous prendrez un peu de vin ?
– Qu’est-ce que vous avez, en pichet ?

Mais dis-moi que deviennent les saucisses de Vienne ? (J’avais la flemme de chercher un titre alors j’ai mis celui-ci)

Monday, January 21st, 2013

C’est décidé ! A force d’en entendre parler, en 2013, tu te mets enfin à la procrastination, comme tout le monde ! Mais voilà, tu ne sais pas comment t’y prendre. Les vieilles habitudes ont pris le dessus : janvier n’est même pas terminé que déjà, tu te remets à travailler efficacement, tu as même de l’avance sur ton planning.
Ne panique pas, je peux t’aider ! Je ne dis pas ça pour me vanter, mais je suis un expert reconnu dans ce domaine. D’ailleurs, j’ai commencé ce post il y a trois jours. Enfin, il y a trois jours, quand j’ai écrit cette phrase. C’était il y a huit jours.

Pour bien procrastiner, la première chose à faire, c’est de faire des listes ! Tous les matins, au lieu, comme d’habitude, de vaquer à tes occupations matinales, liste-les. Ca te fera perdre quelques précieuses minutes de travail. N’oublie pas de noter chaque détail ! Plus la liste est longue, plus tu seras découragé par l’ampleur de la tâche. Très vite, tu auras envie d’aller te refaire un petit café plutôt que de passer au point suivant. Par exemple, plutôt que “classer dossier”, on préférera ouvrir tiroir, chercher l’emplacement exact dans l’ordre alphabétique, réfléchir quelques instants à un système autre que l’ordre alphabétique, ne plus y penser, classer dossier, fermer tiroir, réfléchir quelques instants au mot “tiroir”.

Il est très important d’avoir une petite routine quotidienne : consulter ses mails, répondre aux courriers non professionnels, se faire un petit café, veiller à l’entretien d’une bonne ambiance de travail grâce aux conversations autour de la machine à café, se ronger les ongles, réfléchir quelques instants au sens de la vie… toutes ces choses qui créent une ambiance propice à la créativité et te permettent de ne jamais commencer le travail moins de trois heures après le début du travail.

Il est beaucoup plus facile de procrastiner lorsqu’on travaille à la maison. Non seulement, les distractions y sont plus nombreuses, mais l’univers se chargera de t’aider dans ta noble tâche en te demandant d’aller faire quelques courses puisque tu es à la maison ou encore en te demandant d’aller chercher tes colis à la Poste (car le facteur, redoutable spécialiste du noble art procrastination, a trouvé un peu fatigant d’appuyer sur ta sonnette, il y en a quand même huit dans l’immeuble c’est compliqué de chercher, et a donc préféré t’informer que tu étais absent au moment de son passage, après tout, si tu avait été là, tu lui aurais probablement envoyé un message télépathique). Mais les vrais experts sont capable de procrastiner au bureau, et même en open space.

Le procrastinateur amateur connaît bien les blogs, Facebook, Twitter. Plus averti, il préfèrera se tourner vers des sites a priori moins faits exprès pour son art. Une simple recherche sur Wikipedia peut permettre de passer plusieurs heures à ne pas bosser. Les forums sont également une ressource infinie. Tiens, par exemple, tu t’es déjà demandé qui étaient ces gens qui répondaient dans les cinq minutes sur des forums de traduction alors que tu avais posé une question sur le chantournage en islandais ? Bientôt, tu t’entendras dire “le dossier Berthier ? Je m’y mets dans dix minutes, mais d’abord, il y a quelqu’un qui a une question sur Internet !” Un peu de pratique, et tu réussiras même à perdre plusieurs heures sur des sites de jardinage, de nouvelles régionales sarthoises, d’apiculture. Certains sont tellement doués qu’ils arrivent à lire le blog d’mry plutôt que de travailler (mais attention, ne t’y lance pas sans quelques années d’entraînement, une rechute est trop vite arrivée) !

Petite astuce, si tu préfères remettre ton blog à jour plutôt que d’écrire ce fameux article sur les vis à turbinage manuel ! La liste de trucs, si prisée des spécialistes, a l’immense avantage de n’être jamais vraiment terminée !

Coming outre

Sunday, January 13th, 2013

Finalement, ça s’était plutôt bien passé.

Evidemment, sa mère avait fondu en larmes. “Mais comment je vais annoncer ça à mes copines du yoga ?” C’était la première chose à laquelle elle avait pensé. Puis elle avait ajouté, en sanglotant, “c’est de ma faute, j’aurais dû m’en douter, tu aimes tellement le football”. Son père s’était énervé. “Comment est-ce que tu as pu nous mentir si longtemps ?” En réalité, il n’avait jamais menti, il n’avait juste jamais démenti.

Il n’avait pas démenti quand on l’avait appelé “pédé”. C’était au camp de basson, les autres garçons le trouvaient bizarre parce qu’il ne considérait pas quelqu’un qui pète comme la meilleure des plaisanteries possibles et ne pensait pas que relire seize fois le même magazine pornographique était un passe-temps passionnant. Alors quand le grand Fulgence lui avait dit “mais tu serais pas pédé, toi ?”, il avait juste répondu “désolé, t’es pas du tout mon genre”. Deux jours plus tard, toute l’école, tout le village, toute sa famille avaient été au courant mais il n’avait pas démenti : ceux qui l’évitaient désormais étaient des gens par lesquels il était assez fier d’être évité, ça lui permettait donc de faire un tri assez efficace.

Il n’avait pas démenti, évidemment, quand Gunda s’était déshabillée devant lui. La plus belle fille de l’école, tous les garçons prétendaient « se l’être faite », presque tous mentaient. Il avait juste fait semblant de détourner le regard mais n’en avait pas perdu une miette. Il avait bien failli tout avouer, deux heures plus tard, quand elle lui avait demandé “mais tu n’as jamais eu envie d’essayer avec une fille ?” mais il avait bien fait de ne pas le faire. Et depuis, il avait entendu cette phrase bien souvent, avec à chaque fois les mêmes agréables conséquences.

Et il n’avait jamais démenti devant ses parents, pour ne pas leur faire de peine. Ils étaient si fiers d’avoir un fils homo. Du jour où ils avaient appris sa prétendue préférence, il avait enfin existé à leurs yeux. Il ne jouait pas de harpe dans un groupe de post-punk comme son frère Anaximandre, il n’avait jamais été en prison pour outrage à agent comme sa s½ur Clytemnestre, il était étudiant en économie et capitaine de son équipe de rugby, il n’avait pas grand chose dont ses parents puissent se réjouir jusque là. Alors il faisait semblant. Il avait même demandé à un ami de jouer le rôle, juste un soir ou deux, de son amoureux pour faire taire un peu les “mais quand vas-tu nous présenter ton copain ? Tu es quand même pas hétéro, ahahah” si récurrents.

Mais là, il ne pouvait plus mentir. “Papa, maman, j’ai rencontré quelqu’un, j’aimerais vous la présenter”, ça ne devait pas être si dur à dire. Finalement, ça s’était plutôt bien passé. Comme dans les films, comme personne ne le fait jamais dans la réalité, il avait répété la scène cent fois devant le miroir. Demain, il oserait enfin.

Vive la viande d’hiver

Monday, January 7th, 2013

New Morges, janvier 2112

– Grand-papa, grand-papa, c’est vrai que quand tu étais jeune, on mangeait des animaux ?
– Ah oui ! Plein !
– Mais c’est dégueulasse !
– Pas du tout. Je tuerais pour un bon steak. Enfin, si mes dents artificielles étaient un peu plus solides.
– Mais vous mangiez des animaux de compagnie comme des coatis ou des wombats ?
– Mais non. Enfin, pas avant la disparition des vaches (un stupide accident de fourrage). Nous mangions du cheval, de l’agneau, du b½uf, du poulet…
– Du poulet ? C’est quoi ?
– Tu vois l’animal que les Français arborent fièrement sur le maillot de leur équipe de football ?
– Non.
– Ah… bon… dommage, parce que c’est un poulet. Enfin un coq, mais c’est pareil, en moins rôti.
– C’est pas un animal mythique, le coq ?
– Non… enfin, quand on a arrêté d’élever des animaux pour la viande, on les a relâchés dans la nature, vu qu’ils ne servaient plus à grand chose. La plupart s’en sont assez bien sortis. Sauf les poules, qui se sont toutes faites dévorer dans la semaine. Et c’est seulement après ça que les Français ont déclaré que les coqs mesuraient trois mètres de haut et crachaient du feu. Mais en fait non.
– Et ça avait le goût de quoi ?
– Ben… grosso modo, le même goût que la viande reconstituée, mais en meilleur. Et en plus gras aussi, un peu.
– Mais alors tu devais chasser pour manger ?
– Oui, mais essentiellement dans des supermarchés.
– Mais alors, le poisson reconstitué, c’est aussi fait à partir d’un vrai animal ?
– Ben oui, des poissons. Ils vivaient dans nos lacs, nos rivières et nos mers.
– Ouais, ouais, tu me prends pour un jambon reconstitué ! Vivre dans la mer. LOL, comme on disait à ton époque.

Puis Olaf-Quaywyn s’en retourna chez lui en se disant que décidément, le troisième cerveau de son pauvre grand-père ne fonctionnait pas à plein régime. Pendant ce temps, le vieillard s’enferma à double tour dans la pièce secrète au fond du couloir à gauche dans laquelle personne ne devait jamais entrer et il se confectionna un petit kebab reconstituant avec Kiki et Filou, deux des hamsters de son élevage secret.

Björn Borg de Noël

Tuesday, December 25th, 2012

Il était une fois une petite langouste qui s’appelait Omar.
Omar vivait avec quelques congénères dans le vivier d’un grand restaurant. Il l’ignorait totalement. Comme il était peu aventureux, il n’avait jamais vraiment réalisé que ce qu’il appelait l’océan mesurait en réalité moins d’1 mètres carré. Et comme il était myope et, pour tout dire, pas hyper malin, même selon des critères langoustins, il ne se rendait pas plus compte que ses congénères n’étaient jamais les mêmes d’un jour à l’autre.
Omar était le plus vieux du vivier. En effet, il avait pris pour habitude de se tailler les antennes très fin pour ne pas avoir l’air d’un hippie, car il venait d’une famille très à hippocampe sur les principes. Du coup, il avait l’air moins appétissant et ne se faisait jamais manger. Au début, ses camarades venaient le consulter mais très vite, ils déchantaient :

– Bonjour, monsieur. »
– Hé mais c’est ce vieux Pacôme ! Quoi de neuf ? »
– Non mais je suis nouveau ici, monsieur. J’ai été péché ce matin. »
– Où vas-tu pécher de telles idées ! LOL »
– Bon, je vais vous laisser… »
– Non mais c’est drôle parce que pécher, pécher, tu vois ? »
– Non. »
– Tu fais un peu la gueule, Pacôme, que t’arrive-t-il ? »
– Je vais me faire bouffer et je vais passer mes dernières heures avec un demeuré, y a pas de quoi danser la gigue non plus ! »
– LOL sacré blagueur ! »

Et ce genre de conversations recommençait encore et encore. Jusqu’à la douce et belle nuit de Noël quand, la magie des Fêtes aidant, on vint chercher Omar pour lui faire passer un sale quart d’heure à l’armoricaine.
Des mains le saisirent, il réalisa furtivement son rêve, voler, on lui donna un bon bain chaud. Un peu trop chaud à son goût. Il sortit donc pour se plaindre mais, comme il était myope et pas très malin, il tomba hors de sa casserole et se perdit dans les méandres de la cuisine.
Arrivé dans la rue, il demanda son chemin à un quidam.
– Oh putain, une crevette qui parle ! »
– Mais enfin, je ne suis pas une crevette, je suis une langouste. »
– Hé bien, toutes les langoustes sont dans la nature ! »
– Quoi ?»
– Non, rien. »
– Je crois que je suis perdu ! »
– C’est bien triste, ce soir c’est Noël, viens donc à la maison ! »
– Je ne sais pas trop ce que c’est Noël, mais ok, si je ne dérange pas ! »
– Mais non, pas du tout, au contraire ! »

Et Omar passa une belle soirée, entouré de rires d’enfants, de joie et d’une sauce mayonnaise.

Comment veux-tu que je postule ?

Wednesday, December 12th, 2012

Madame la Poste,

C’est avec plaisir que je réponds à votre offre d’emploi diffusée sur le réseau social Twitter, où j’aime à traîner car je pense qu’il est important de faire de la veille dans le networking, et sans doute aussi ailleurs mais j’y étais pas.

J’aimerais à ce propos vous féliciter, même si ça ne se fait pas trop dans une lettre de motivation, j’en suis conscient, pour votre parfaite maîtrise des réseaux sociaux : moi aussi, si je cherchais des traînées, j’irais sur Twitter (mais je ne peux pas leur envoyer de DM parce qu’elles ne me followent pas back alors bon). En revanche, vous avez oublié les accents, comme aurait dû le faire depuis bien longtemps Tex.

Au nom de l’égalité, je me permets de répondre à cette annonce, car je ne vois pas pourquoi être un homme m’interdirait d’être une trainee. Cela fait d’ailleurs des années que je m’efforce de le devenir car comme vous, je pense que rien ne vaut la pratique. Dans ma tête, je suis la reine des trainee. Et si cela ne s’est jamais concrétisé dans les faits, ce n’est qu’une question, comme le disait Lao-Tseu, d’opportunités. Que m’offrira enfin le poste (un poste à La Poste, c’est drôle, ça)(pardon d’apparter au risque de m’y brûler le pourpoint, mais je viens à peine de faire le rapprochement) que vous me proposez si gentiment.
Je ne viens pas, je me dois de le préciser, de sortir de l’université avec brio, ni même sans, comme le stipule votre annonce. Et d’ailleurs, je sortais très peu à l’université. C’est pour cela que je compte sur votre programme minutieux d’entraînement car je sens que je suis passé à côté d’un truc.

En revanche, je jouis des prédispositions indispensables pour ce job de trainee. Je ne crache pas sur un bon verre d’alcool, je ne m’intéresse pas plus que ça à l’amour propre et je n’ai rien contre les histoires d’un soir car, comme l’a dit le poète, c’est toujours un soir de plus que mes histoires habituelles.

Je vous ci-joint mon CV, dans le doute, mais je me demande si mon expérience de trieur de cornichons est vraiment pertinente dans le cas qui nous intéresse. Encore que. Mais bon, ce n’est pas à moi d’en décider.
En espérant que mes arguments vous aient convaincue, je vous prie d’agréer, Madame la Poste, mes poutou-poutous et je vous dis à bientôt, dans une de vos queues !

Indigné presque parfait

Wednesday, December 5th, 2012

Fulgor estimait que dans la vie, on ne pouvait se contenter de subir, il fallait agir, pour être maître de son propre destin.

A 17 ans, résolument pacifiste, il était entré dans une association de lutte contre la guerre et même si, globalement, très peu de guerres avaient été évitées grâce à lui, il avait, se disait-il, contribué à rendre le monde un peu meilleur en vendant des t-shirts. Plus tard, il avait également distribué des autocollants. Puis il était entré dans un groupe de reflexion sur l’action citoyenne et il avait pas mal réfléchi.

Puis il avait eu beaucoup moins le temps de s’engager, avec les études, le boulot, les apéros, c’est compliqué, mais militant écologiste convaincu, il se rendait toujours à son travail en vélo sauf les mardis, les jeudis et les mois en r. Mais il avait tout de même assisté à trois concerts de Tryo et, dans le doute, un de Cali.

Aujourd’hui, légèrement trentenaire, ce passé activiste lui manquait, mais que veux-tu, on prend un appartement puis un jour on n’a pas le temps d’acheter des ampoules économiques et des légumes bio et c’est l’engrenage infernal. Il n’avait même pas ouvert le journal d’amnesty international le mois dernier. Il sentait qu’il fallait faire quelque chose, et vite.

Alors ce matin-là, il se dit qu’enfin, c’était le moment de faire un acte militant. De s’engager vraiment, pour contribuer à améliorer la vie de ses concitoyens. En commençant à un échelon local, car n’est-ce pas là que se jouent les vrais enjeux ?
Et c’est depuis qu’il s’attelait, et ça tombait bien, il n’avait pas grand chose de très urgent au travail, à fabriquer des flyers qu’il irait ensuite déposer sur les pare-brises de tous ces cons qui se parquent n’importe comment quand il neige et après on peut même pas sortir du garage !