Archive for the ‘quand je serai grand je serai misanthrope’ Category

Saint-Bernard

Friday, July 18th, 2003

Constatation: mon boulot ne me plaît plus. La preuve, je suis en train de tartiner des salades ici au lieu de courir dans les couloirs en criant au monde la chance de faire un si beau métier, glory glory allelujah, de me rouler par terre, de pousser des glapissements emplis de joie et de sérénité et de construire des statuettes représentant mon patron avec de la terre glaise. (donc oui, des statuettes en terre glaise, pas mon patron avec de la terre glaise plein les poches quel déconneur celui-là).

Donc, il faut que je me recycle (de re et cycle: faudrait que je me rachète un vélo, un de ces jours).

Et il faut aussi que je trouve une autre occupation salariée, vu que dans ma profession salariée à moi, j’ai écrit à tous les Futurs Employeurs Potentiels de Suisse romande et que ils m’ont dit qu’ils sont vachement flattés que j’aie pensé à eux mais que bon pour le moment je ferais mieux d’agréer leurs salutations distinguées, mais ils me souhaitent bonne chance.

Bon évidemment, je recommencerais bien mes études, j’appréciais d’avoir 12 mois de vacances par année. Mais c’est super mal payé comme boulot, or dans le monde d’aujourd’hui il faut des sous pour pouvoir manger, se loger et faire du pédalo. (sauf si quelqu’un veut me racheter ce blog 3 millions? non? 2? allez, faites un geste, je vous mets un stylo dédicacé avec.)

Alors j’ai pensé à un truc qui demande pas beaucoup de boulot, qui gagne plein de pépettes et que on peut prendre sa retraite très jeune. Dans ce domaine là, mes compatriotes helvétiques ont eu deux excellentes idées cette année: gagner Wimbledon et faire le tube de l’été.

Gagner Wimbledon, c’est pas trop possible, je supporte mal l’herbe, mais tube de l’été, ça m’a l’air à la portée du premier imbécile venu. Il faut: un nom de scène crétin, ça c’est bon j’ai déjà, une musique énervante, ça va être facile vu que je sais pas faire de musique, un titre de chanson débile, ça on peut toujours trouver.

Y a quelques années, pour faire tube de l’été, fallait des talents de philosophe, fallait être capable de dire des trucs du genre un dos tres un pasito con te Maria, ou alors au soleil j’aimerais bien aller bronzer au soleil seul sur le sable les yeux dans l’eau mon rêve était trop beau, mais fort heureusement, tout a changé. Un nom de chien et c’est bon, tu tiens toute une chanson. Bon, ensuite faut encore taper dans l’oeil d’une boisson gazeuse.

Le truc bien avec un tube de l’été c’est que ça tient un été. Ensuite, tout le monde t’oublie, sauf éventuellement < a href="http://www.bide-et-musique.com/"> certains . Du coup, tu peux refaire ta vie tranquille, sans devoir supporter à la radio l’horrible machin que t’as fait endurer aux oreilles de la populace tout l’été en tubant. Tu peux tranquille t’installer, changer de nom, changer de tête et retourner, plein d’usage et raison, vivre entre tes parents le reste de ton âge.

Voilà je vais aller dîner et chercher trois accords et un nom de chien (j’hésite entre labrador et bouvier bernois).

Est-ce que quelqu’un peut trouver une chute à ce texte pendant que j’mange?

billet déprimant

Wednesday, July 16th, 2003

Chères lecteuses, chers lecteurs,

Je vais aujourd’hui vous annoncer une nouvelle qui va révolutionner votre vie.

J’ai trouvé un truc bien à faire quand on a rien faire. Un truc qu’on peut faire chez soi, au travail, à la plage, au restaurant, dans un avion, sous le soleil des tropiques, dans l’océan pacifique, dans un four à pizza, dans ton cul , bref partout.

Quand je m’ennuie, pour passer le temps, je déprime un coup.

C’est une activité prenante, créative et qui plus est, qui ne nécessite aucun talent si ce n’est la capacité de se trouver dénué de talent et qui ne nécessite aucun matériel spécifique. La dépression est très certainement le hobby le plus facile d’accès.

Contrairement au féru d’origami, le dépressif n’a pas besoin d’être agile des mimines. Le curling est certes un hobby passionnant, mais il est difficilement praticable au bureau et coûte relativement cher.

Le dépressif, lui, peut passer des heures à repeindre sa vie en noir. Une simple télécommande, une bière à moitié vide et un cendrier lui suffisent à s’occuper une après-midi entière. Le dépressif passe des journées entières à expliquer à ses amis, tant qu’il lui en reste, que personne ne l’aime. Il passe des nuits entières à écouter Nick Cave et à composer des poèmes (pour lui même, puisque personne ne l’aime et personne ne peut le comprendre).

Vous aussi, vous voulez découvrir ce merveilleux passe-temps?

Alors commandez dès à présent cet ouvrage de référence: comment réussir sa déprime en dix leçons, par le professeur von Strauckenhacker, diplômé de parabiologie de l’Université de Lutzelflüh.

Attention, si vous appelez immédiatement, vous recevrez également une magnifique table de jardin.

Si dans les 30 jours, vous n’êtes pas satisfaits de votre dépression, vous pourrez gratuitement nous renvoyer l’ouvrage. Dans ce cas, le professeur von Strauckenhacker en personne viendra vous rendre visite, il vous lira les aventures de Oui-Oui traduites en dialecte tyrolien en s’accompagnant au banjo et vous offrira l’intégrale de Céline Dion et un pantalon en velours côtelé. Il est comme ça, le professeur von Strauckenhacker, il a le coeur sur la main.

Comment réussir sa déprime en dix leçons est déjà un best-seller aux Etats-Unis, en Islande et aux îles Fidji. Comme des millions de personnes dans le monde, découvrez vous aussi cet ouvrage exceptionnel. N’hésitez pas une seconde, commandez-le dès à présent ou je te pète ta gueule.

Pour la Suisse, composez le 0906 588 300 (2.70 la minute). Les dix premiers appels gagnent un collier de nouilles fabriqué à la main par de véritables enfants de dépressifs.

Pour les autres pays, je sais pas, démerdez-vous.

Je suis dans un tunnel

Friday, June 27th, 2003


Souviens-toi de cette époque lointaine et reculée (il y a 4-5 ans). Personne n’avait de téléphone portable, sauf un type. Tu le traitais de frimeur en gloussant sous cape. Oui, parce que tu portais une cape, c’était la mode cette année là. Pis tu disais à tes potes: moi en tout cas, jamais je n’aurai de téléphone portable. Bon, on va faire comme ça, on va dire que je serais suisse pis que je dirais natel pis que toi tu comprendrais que ça veut dire téléphone portable. Ca marche pour toi?


Et puis, la concurrence est arrivée, les prix des communications ont baissé, les opérateurs ont commencé à lancer des forfaits pas chers. Tes potes avaient tous des natels mais toi, t’étais toujours un rebelz, tu disais jamais, no pasaran. Le samedi soir, tes potes s’appelaient pour négocier la soirée (alors on va plutôt au pub à Payerne s’ennuyer, comme ces 423 dernières semaines, ou à un concert vachement bien à Lausanne ? ah ok on va aller Payerne, comme ça on pourra boire des bières, ouais, super). Toi, ils t’appelaient aussi, mais ça sonnait occupé, t’étais sur internet avec ton vieux modem 33 6 à propulsion manuelle. Du coup, ils sortaient sans toi. Bon, ils se faisaient chier comme des rats morts alors que toi tu t’amusais comme un fou à discuter avec plein d’autres gens sans vie sociale du monde entier, mais quand même. Tu as profité d’un super-forfait qui te proposait, pour 1 franc, un nokia 3210, une machine à café, un aspirateur, des pantoufles en poil de loutre, un dentier gonflable et 740 ans d’abonnement chez Orange.


Bon, t’as pas eu beaucoup plus de vie sociale : tu te trouvais tout le temps dans les 1% du territoire ou y avait pas de réseau.


Ensuite, le réseau s’est amélioré, t’as commencé à téléphoner à tous tes potes pendant un mois, ensuite t’as reçu ta première facture.


Et puis, les finances s’améliorant, t’as repris un abonnement, t’as commencé à découvrir le monde merveilleux de la communication, les gens qui te regardent de traviolle parce que t’as de nouveau oublié d’éteindre ton portable au cinéma, les blagues pourries par sms, les supers sonneries téléchargées sur internet, t’avais smells like teen spirit, sauf que bon t’étais le seul à savoir que c’était ça, pour les non-initiés ça ressemblait surtout à un gros tas de sons. T’avais ton 3210 qui objectivement marchait pas si mal, sauf la touche 0 qui était bloquée, t’as changé pour un 5612 puis un 9922 et un 3615. Maintenant, t’as une super sonnerie téléphonique euh c’est polyphonique que je voulais écrire, mais c’est encore plus moche que les tuts tuts tuts de ton tout premier natel, en fait.


Là t’hésite à t’acheter le tout dernier modèle avec lequel tu peux écouter la radio et des mp3, faire des photos, organiser tes rendez-vous, traduire tes messages en 12 langues, surfer sur le net, faire le café, te brosser les dents, faire cuire des pâtes et capturer des pokémon. Le truc, c’est que t’aimerais bien aussi l’option téléphone, mais c’est 200 balles de plus.


Maintenant, ça fait trois ans que t’as un natel. Tu envoies des sms à tes potes le samedi soir, tu dragues par sms, tu fais du sexe par sms, tu romps par sms. Tu commence à avoir de la peine à t’exprimer en plus de 160 caractères et à écrire des mots complets. Quand tu passes une soirée sympa avec une demoiselle, tu lui demandes son numéro pour pouvoir lui faire des avances. Même que l’autre jour, t’as revu Gudule, une fille très sympa avec des yeux malicieux et des gros nénés et au milieu de la soirée, tu lui as fait une grande déclaration. Tu lui as dit : jtm.


Et quand t’oublies ton portable à la maison, ou quand t’as pas de chargeur sur toi, c’est le drame, t’es au bord de la dépression, tu te roules par terre, tu hurles et tu files en racheter un nouveau.


Je te laisse, on m’appelle là.

Drame en un acte

Wednesday, June 11th, 2003

Acte I, scène 1


Un jeune homme, au physique agréable de loin par temps de brouillard, dort dans une tenue qu’il va falloir modifier si Hollywood rachète les droits, c’est normal, c’est l’été, il fait une tiaffe mon pauvre ami.


Au loin, un téléphone sonne sans respect aucun pour le sommeil du malheureux.


Le téléphone


Drelin drelin drelin drelin drelin drelin


Le jeune homme voix légèrement endormie


Qui me réveille ainsi, quel est-donc ce gredin


Qui ne respecte point le sommeil du matin


Et c’est qu’il insiste, ce malfaisant faquin.


Il décroche


La voix dans le téléphone, pour plus de simplicité appelons la Josette d’une voix de vendeuse par téléphone


Connaissez-vous monsieur la crème à l’abricot?


Le jeune homme, pour plus de simplicité appelons le X*


Je ne la connais point, mais n’en ai point besoin.


Josette


Je m’en vais vous prouver le contraire illico.


X


Rien à battre j’écoute pas et tagada tsoin tsoin


Josette


La crème à l’abricot guérit de tous les maux


Coup d’soleils, coup d’bourdon, piqures de maringouins


Mal de ventre, mal de dos, mal être et malaria


Et c’est pas évident d’trouver une rime en ria.


X


Fort bien mais peu m’en chaut, moi j’aime pas l’abricot.


Josette insistante


Mais si t’aimes ça j’te dis, ma couille mon coco


X désespéré


Que nenni allons bon, moi c’que j’aime c’est dormir,


Vous n’me convaincrez point, je l’affirme sans mentir


Cett’ crème miraculeuse, j’m’en tape comme d’l’an quarante.


Josette récitative


Nous la vendons deux francs, au lieu de 140.


Nous avons également, si je puis me permettre,


Un autre produit que je ne saurais o… omettre


Il s’agit d’un gel douche, garanti 22 ans


Qui est doux, qui sent bon, qui fait briller les dents.


X un tantinet agacé


Je m’en fiche, j’me lave pas, matnant tu m’lâches salope.


Josette récitante derechef


J’insiste mon bon monsieur, car comme dirait Esope,


La crème à l’abricot guérit de tous les maux


Coup d’soleils, coup d’bourdon, chute de la libido


Mal de ventre, mal de dos, mal être et malaria


Et c’est pas évident d’trouver une rime en ria.


Votre femme vous bénira, d’en avoir fait l’achat


X, célibataire endurci


J’en suis fort aise madame, maintenant j’ai d’autres chats,


à fouetter sur le champ, je m’en vais vous laisser.


Le chat fouetté sur le champ, indigné et avec un fort accent vaudois


Miaou


Josette, vaincue


Je vous souhaite une bonne journée.


 


Moralité


La crème à l’abricot guérit de tous les maux


Coup d’soleils, coup d’bourdon, brûlures au chalumeau


Mal de ventre, mal de dos, mal être et malaria


Tourista persistante de r’tour du Nigeria.


Glory glory allelujah, youpi youpi et tralala


J’ai quand même fini par pondre une rime en ria.


* nom connu de la rédaction

souvenirs, souvenirs

Thursday, May 22nd, 2003

Ils étaient venus ils étaient tous là.

Y avait des anarcho-communistes, socialo-libertistes, hippies jamais vraiment revenus de katmandou, jeunes gauchistes à clochettes, des chiens qui couraient dans tous les sens, des anars grisonnants à petites lunettes rondes, des connards encagoulés, des étudiants intellos qui refaisaient le monde avec des mots tellement compliqués que même eux les comprenanient pas, quelques kurdes qui objectivement étaient les seuls à avoir une raison d’être là, des politicards qui s’disaient qu’ils allaient s’récupérer un peu de jeune rebelle de la société pour booster leur électorat, des mecs qui avaient vu plein de gens marcher dans le même sens pis qui s’disaient “ah ben ça doit être par là”, des distributeurs de tracts, un pote à moi, un punk qu’avait pas oublié d’être moche, un intellectuel en loden genre nouvel obs et même une ptite bourgeoise bêcheuse maquillée comme un carré d’as et un raton-laveur.

Y avait des drapeaux du grand soir, y en avait des rouges, y en avait des noirs, et beaucoup d’arc-en-ciel comme à la gay pride mais avec une couleur en moins et écrit Pace dessus, vu qu’on revendiquait pour la paix pas pour le Pacs, y avait des drapeaux kurdes forcément, même un drapeau irakien aussi, y avait plein de calicots rigolos. Et un raton-laveur.

Ca gueulait plein de slogans dans tous les coins que c’était beau comme une finale de coupe de Suisse et même peut-être du monde. Y avait plein de gens qui répondaient résistance à ceux qui voulaient dominer le monde, même si je suis pas sûr que tous aient défini résistance de la même manière.

Tout le monde marchait dans la même direction sauf les connards encagoulés qui balançaient de la bouteille sur les flics et sauf les flics qui lacrymogénisaient les connards encagoulés et tous ceux qui avaient le malheur de passer pas trop loin.

Et un raton-laveur.

Et puis la sale guerre a quand même continué, loin des manifestants, loin de la flicaille, loin des connards encagoulés, loin des ratons-laveurs, tout près des femmes et des enfants irakiens. Et les armes c’était ni des bouteilles, ni des lacrymos ni des balles en caoutchouc.

Les drapeaux arc-en-ciel ont commencé à fleurir le long des murs, les vendeurs de drapeaux ont flairé le filon, ils ont laissé leurs drapeaux américains et ils ont dévalisé les fabriquants de drapeaux arc-en-ciel.

La sale guerre s’est terminée, la vie a repris son cours, les drapeaux arc-en-ciel pâlissent, pis y en a tellement qu’on les voit plus, les flics se préparent à g8er, les connards encagoulés aussi, les autres se demandent s’il faudrait pas les laisser jouer entre eux, sauf les journalisteux qui les excitent, histoire d’avoir un peu de sang à vendre paske ces manifs pacifistes c’est rigolo un moment mais faudrait pas en abuser, nom de nom.

Ceux qui répondaient résistance à ceux qui voulaient dominer le monde ont fait leur déclaration d’impôts, payé leurs hypothèques en retard, font leurs 8 heures par jour en souriant hypocritement à leur patron.

Hier soir, j’ai bouffé au MacDo.

Edit automnal : Celui-là, je le garde pour faire plaisir à quelqu’un qui l’aime bien, même si je sais pas si elle me lit toujours.

quand on s’emmerde au bureau

Monday, May 19th, 2003

*Si on a internet : raconter des futilités sur un blog, échanger des futilités sur caramail ou sur un t’chat, poster des futilités dans des forums, surfer sur des sites futiles et envoyer des blagues futiles à des copains

*Si on n’a pas internet : s’installer un émulateur game-boy et toute la collection des pokémon (ben quoi?), battre son propre record de démineur

*Si on n’a pas d’ordinateur au bureau : sortir toutes les 5 minutes pour fumer, raconter des futilités au collègues, smser des futilités à ses ex et à ses futures ex, chercher un autre boulot